FRANCE : L'air des crèches passé au crible

Publié le par cgtcaf83

Si la pollution de l’air intérieur ne fait plus mystère, elle est d’autant plus préoccupante lorsqu’elle expose des personnes vulnérables telles que les enfants. Afin d’évaluer le risque réel de cette exposition, l’ASEF (Association Santé Environnement France) a étudié la qualité de l’air intérieur au sein de neuf crèches témoins, réparties respectivement sur Paris, Lyon, Marseille, Toulouse, Nice et Aix-en-Provence. Pendant une semaine, toutes ont été équipées d’un capteur capable de mesurer la présence dans l’air de trois molécules dites cancérigènes, à savoir le formaldéhyde, le benzène et les phtalates.

Nocifs pour la santé, ces polluants n’en sont pas moins omniprésents. Classé comme un cancérigène certain depuis 2004 par le CIRC (1), avec un risque accru de cancer du rhinopharynx et de leucémies, le formaldéhyde entre dans la fabrication de contreplaqués, de tapis mais également de mousses synthétiques et de peintures. Il est décrit par l’ASEF comme un irritant puissant des muqueuses provoquant sécheresse et douleur au niveau des yeux, du nez et de la bouche. A forte concentration, il peut entraîner des œdèmes et une inflammation des muqueuses et de la peau.

Utilisé comme pigment de peinture et de vernis, le benzène est également reconnu comme un cancérigène certain chez l’homme, dont le taux limite recommandé par l’OMS (2) est fixé à 1,7µg/m3. Derniers incriminés, les phtalates sont mis à profit pour assouplir le plastique. A ce titre, on les retrouve dans les PVC ainsi que dans les jouets et les trousses d’écoliers. Allergisants, ils sont également suspectés de provoquer des dysfonctionnements hormonaux ainsi que des troubles de la fertilité.

Dévoilés hier soir, les résultats de cette enquête n’ont malheureusement pas démenti les soupçons quant à la médiocre qualité de l’air intérieur des crèches. Témoignant d’une importante disparité entre les diverses crèches, les prélèvements effectués ont révélé que les deux tiers des établissements présentaient un taux de benzène supérieur à la valeur de référence établie à 1,7 µg/m3, les taux allant de 0,8µg/m3 à 7,8 µg/m3 selon les crèches. Concernant le formaldéhyde, un tiers des crèches inspectées affiche des taux supérieurs à la valeur toxicologique de référence fixée à 10 µg/m3, les valeurs relevées oscillant entre 6,1 µg/m3 et 29 µg/m3. Enfin, la présence de phtalates, à l’exception d’une crèche, n’a pas ou peu été détectée.

Inquiétants en soi, ces résultats doivent, en outre, être corrélés avec la durée de l’exposition des enfants fréquentant ces établissements, laquelle s’élève à plusieurs heures par jour. Mais, cela ne signifie pas pour autant qu’ils sont plus à l’abri lorsqu’ils regagnent leurs pénates.

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